Interamicale

Les associations et amicales françaises de mémoire des camps nazis (Interamicale) ont, depuis leur création en 1945, mené un certain nombre d’actions fédératrices et solidaires, en particulier dans la reconnaissance des droits des déportés, dans les procès des criminels nazis, dans la reconnaissance internationale des crimes contre l’humanité et le génocide ; et à travers les Comités internationaux de chacun des camps, qui ont œuvré pour la reconnaissance des lieux et la préservation des traces dans les différents camps et leurs spécificités, en Allemagne, en Autriche, en Pologne. De longs combats, face à la résurgence des mouvements nationalistes, antisémites, xénophobes et néo-nazis. Ces comités restent vigilants et unis, en se réunissant régulièrement et en lançant des appels circonstanciés.

Depuis 2008, les associations de mémoire des déportés français  se rencontrent très régulièrement autour de thèmes communs et spécifiques, elles participent ensemble aux commémorations nationales et au Concours national de la Résistance et de la Déportation ; elles sont membres du Conseil représentatif de la mémoire de la déportation, instance consultative créée par la FMD, avec l’ensemble des associations françaises de mémoire de la résistance et de la déportation, de la FNDIRP, de la FNDIR-Unadif, et des Amis de la FMD.

À chaque rencontre, les associations constituant l’Interamicale se rassemblent, en cortège, au cimetière du Père-Lachaise pour un dépôt de gerbes devant les monuments des camps. 

Une table ronde sur les serments des amicales – 70 ans après la création de nos amicales, quelle est l’actualité du message porté par les Déportés ? – fut le thème d’une rencontre chaleureuse où plus de 200 membres des amicales s’étaient retrouvés, chaleureusement reçus dans le salon d’honneur par la mairie du XXe arrondissement de Paris, le 3 octobre 2015. 

L’union des associations de mémoire des camps a apporté une contribution importante au site créé par l’UDA (l’Union des déportés d’Auschwitz), Mémoires des déportations, inauguré  à l’Hôtel de ville de Paris, le 15 novembre 2017. 

Le 26 novembre 2017, l’Interamicale, reçue dans le salon d’honneur la mairie du XXe arrondissement, proposait une rencontre sur Les procès des dirigeants des camps nazis vus par les amicales ; le lendemain, les amicales étaient invitées par l’Institut historique allemand, à Paris, à une table ronde sur Les procès des bourreaux des camps nazis, de Nuremberg jusqu’à aujourd’hui. 

Les journées de l’Interamicale en 2019 ont été ambitieuses et remarquables : le 23 novembre, à la mairie du XXe qui nous accueillait à nouveau, les adhérents étaient réunis autour du thème de La présence de nos associations sur les sites des camps, 75 ans après qui a montré les pratiques actuelles et les perspectives des voyages et commémorations sur les sites des camps, dans le contexte politique international, et a mis à jour la nécessaire articulation des associations avec les comités internationaux pour la préservation des traces et des politiques de mémoire dans les différents pays.

Le 24 novembre 2019, l’Interamicale présentait une journée d’étude novatrice sur Le corps du déporté, icône tragique du XXe siècle à la préfecture d’Île-de-France et de Paris, qui avait mis son grand auditorium à la disposition de l’Union : y furent présentées les œuvres d’artistes déportés ou non, ainsi que la statuaire des monuments au Père-Lachaise et dans les mémoriaux sur les sites des camps, ou les photos prises par les « libérateurs », etc., enrichies en contrepoint de lectures, par une comédienne, de fragments de représentations textuelles extraits de récits de rescapés ou d’artistes non déportés (cf. enregistrement vidéo intégral sur ce site).

La participation annuelle aux journées de l’histoire de Blois, depuis 2010, avec l’organisation de tables rondes sur le thème de l’année, auxquelles sont conviés des historiens et chercheurs, animées par des présidents de nos associations, ainsi que le stand au salon du livre, sont devenus les temps forts de la présence médiatique de cette Union :

  • 2010 : Faire justice des déportations nazies,
    première réalisation commune des amicales à Blois, avec des témoins et des historiens (avec Marie-José Chombart de Lauwe, Raphaël Esrail, Sam Braun, anciens déportés, et Yves le Maner, Cathy Leblanc).
  • 2013 : Salon du Livre (Blois),
    présentation et vente des publications, livres, DVD de chaque association, lieu d’échanges avec le grand public, et de rencontres fructueuses. 
  • 2014 : Les camps nazis, approches récentes et novatrices, avec Peter Kuon, Sonia Combe, Marie-Paule Hervieu, Dominique Orlowski.
  • 2015 : Les productions numériques des associations :
    Mémoires des déportations (UDA) ; Mémoires européennes des camps nazis (webdocumentaire de Bernard Obermosser et Jean-Louis Roussel) ; Les deux albums d’Auschwitz  (Canopé et Fondation de la Shoah).
  • 2016 : Aucun de nous ne reviendra. Écritures de l’impossible retour,
    avec Peter Kuon, Corinne Benestroff, Leïla Simon, Paul Gradvohl. Par ailleurs, présentation du film tchèque, en réédition DVD, sous-titré en français : J’ai survécu à ma mort, de Vojtech Jazny (1960), par Daniel Simon.
  • 2017 : Les camps nazis : l’enfer organisé,
    avec Johann Chapoutot, Thomas Fontaine, Adeline Lee.
  • 2018 : Salon du Livre (Blois),
    dédicaces de la BD de Boris Bolzio, Chronique de Francine R., résistante et  déportée et de Je suis ici pour vaincre la nuit – Yo Laur (1879-1944) de Marie Charrel.
  • 2019 : Les déportations d’Italie vers les camps nazis : histoire méconnue, mémoires vivantes,
    avec Marie-Anne Matard-Bonucci, Elisabetta Ruffini, Peter Kuon, et un entretien filmé en juin 2019 avec Boris Pahor : → vidéo.
  • 2020 : (rencontre annulée pour raisons sanitaires) Au cœur du pouvoir nazi : gouverner par les camps, gouverner les camps
    (pressentis : Johann Chapoutot, Michel Fabréguet, Olivier Lalieu, Audrey Kichelewski).

Aujourd’hui, l’Union des associations de mémoire des camps nazis (Interamicale) regroupe les associations et amicales françaises suivantes : association française Buchenwald-Dora, Amicale de Dachau, Amicale de Neuengamme, Amicale de Mauthausen, Amicale de Ravensbrück, Amicale de Sachsenhausen.
Les associations de mémoire des camps souhaitent officialiser leur Union par une déclaration officielle dans les prochains mois et s’ouvrir progressivement à d’autres amicales de camp. Une Union d’autant plus nécessaire en cette période d’incertitude concernant la politique de la mémoire des camps, au plan national et international ; au moment aussi où la disparition des derniers rescapés des camps place les générations suivantes devant une tâche lourde et complexe. L’Union entend être présente et rassemblée, autour des Comités internationaux, eux-mêmes visant la mise en place d’une Union des comités internationaux, dans la poursuite de deux rendez-vous fondateurs, à Berlin et à Madrid, pour être reconnus comme des protagonistes des politiques de mémoire conduites par les mémoriaux en Allemagne, en Pologne, en Autriche.

L’Union des associations de mémoire des camps nazis considère comme une nécessité vitale :

  • de pérenniser la mémoire des camps par une mobilisation tournée vers les jeunes générations ; 
  • d’impliquer l’Éducation nationale dans les voyages d’enseignants, comme ce fut le cas dans les années 1990 ; 
  • de proposer des actions de mémoire diversifiées et nouvelles ; 
  • de mettre en réseau leurs sites internet, pour demeurer visibles sur les médias.