Jacques RENOUVIN (1905-1944)

Mauthausen – Steyr – Melk (matricule 35 217)

Jacques Renouvin peut se prévaloir d’une solide expérience militaire quand survient la défaite de 1940. À trente-cinq ans, cet avocat a milité dans les rangs de l’Action française* et fait le coup de poing avec les communistes au sein des Camelots du Roy. En novembre 1938, il a publiquement giflé Pierre-Étienne Flandin, président de l’Alliance démocratique, alors qu’il se préparait à déposer une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu, pour le punir du télégramme de félicitations envoyé à Hitler, Chamberlain, Daladier et Mussolini au lendemain des accords de Munich.

Mobilisé le 2 septembre 1939 comme sergent, il fait dans les corps francs une brillante campagne de France qui lui vaut la Croix de guerre. Blessé le 16 juin 1940 en Moselle, fait prisonnier, il est conduit à l’hôpital d’Épinal d’où il s’évade. Démobilisé le 27 août 1940, il passe en zone sud et cherche immédiatement à « faire quelque chose ». Dès le début de 1941, Jacques Renouvin se joint au mouvement Liberté créé par François de Menthon et Pierre-Henri Teitgen qu’il aide activement à se développer dans la région de Montpellier. Chargé de la diffusion de la feuille clandestine Liberté, il organise des actions de choc (lacération d’affiches, destructions de kiosques à journaux). En novembre 1941, après la fusion de Liberté et du Mouvement de Libération nationale qui aboutit à la création de Combat, il propose à Henry Frenay la création à Montpellier de groupes francs, c’est-à-dire d’équipes d’action immédiate.

Devenu en 1942 chef national des Groupes francs de Combat, il sillonne la zone « libre » pour recruter, organiser et instruire personnellement des volontaires en vue de diverses actions en zone sud. En juillet, il monte sa première « kermesse », faisant sauter simultanément dans différentes villes de zone sud des officines de la collaboration. Renouvin monte également des opérations armées contre des dépôts d’explosifs, des sabotages et déraillements de trains et des attaques contre les Allemands et les collaborateurs.

Arrêté le 29 janvier 1943 par la Gestapo à Brive le même jour que Mireille Tronchon, avec laquelle il s’était marié religieusement, Jacques Renouvin est écroué à Fresnes. Longuement torturé, il ne parle pas. Le 3 août 1943, il épouse civilement Mireille en prison, avant d’être déporté en Allemagne à la fin du mois. Interné à Mauthausen, il y meurt d’épuisement le 24 janvier 1944. Jacques Renouvin a reçu la Croix de la Libération à titre posthume.

Laurent Douzou et Dominique Veillon

* Extrême-droite monarchiste