les actions engagées par le C.I.M.

Dans une situation politique difficile, en Autriche et en Europe, voici les actions engagées par le C.I.M. :

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À Amsterdam les 12 et 13 octobre, le CIM a renforcé ses positions face aux initiatives inadmissibles prises sans concertation, sous de fallacieux motifs de sécurisation, au cours de cette année, par Mauthausen Memorial.

Rappelons-les :

  • L’escalier de la carrière de Wienergraben est interdit d’accès depuis avril.
  • Toutes les volées de 5 marches, celles par exemple qui relient les terrasses de l’esplanade des monuments, sont barrées d’une chaîne.
  • Dans la cour des garages, une tour de béton a été construite en hâte, brisant l’unité architecturale de cette zone SS afin d’installer un ascenseur permettant l’accès, par cette voie, des visiteurs handicapés au niveau du camp des détenus et doublant l’escalier de granit contigu, qui est désormais encombré d’une structure de marches en bois ridicule et malcommode. Même l’historien autrichien Bertrand Perz, conseiller expert auprès de Mauthausen Memorial, condamne fermement cette réalisation et s’indigne de ne pas avoir été consulté. En dépit des protestations, depuis juillet, le chantier s’est poursuivi, et l’ascenseur est en service.
  • Sur le site du Loibl nord, une dalle de béton a été coulée sur des vestiges de fondations d’éléments du camp, prétendument pour les préserver « pour cent ans », sans consultation ni information des courageux militants du Comité Mauthausen de Carinthie, qui depuis vingt ans ont dû assumer seuls, jusqu’à ces dernières années, la valorisation du site de ce camp. Une inauguration protocolaire de ces travaux a eu lieu fin septembre, par quelques personnalités venues de Vienne : la secrétaire d’État Karoline Edtstadler et la directrice de Mauthausen Memorial.

Cette dernière, Barbara Glück, invitée à Amsterdam par Guy Dockendorf, président du CIM, n’a pas apporté de réponses concrètes aux exigences des organisations nationales de mémoire rassemblées au sein du CIM. Elle s’est retranchée derrière des procédures de sécurisation. La réalité du pouvoir responsable du site – protection du site, mais aussi préservation du sens – se dérobe, prend le masque.

Le CIM a décidé de confirmer, pour 2019 et, s’il le faut, les années suivantes, que les ministres FPÖ ne seront pas invités à la cérémonie de la libération du camp.

Une annonce faite par Madame Glück : un ambitieux projet d’achat de terrains privés sur l’espace du site de Gusen et destiné à valoriser celui-ci. À interpréter avec prudence…
Depuis la fin octobre, le mémorial de Gusen est fermé, pour une durée non précisée, au motif qu’un mur doit être consolidé. Comment interpréter ce nouvel épisode ?
Une réunion du Kuratorium le 7 novembre à Vienne. Le président du CIM compte bien interpeller les autorités responsables.

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L’Appel de Milan, lancé en juillet par le réseau des comités internationaux des camps, est plus que jamais d’actualité. Lire ci-après. Faisons-le connaître !

Appel de Milan du 1er juillet 2018

Les présidents, vice-présidents et secrétaires généraux des Comités Internationaux des camps de concentration nazis se sont réunis à Milan, à la Casa della Memoria, le 1er juillet 2018 à l’initiative de l’Associazione Nazionale Ex Deportati Nei Campi nazisti (ANED). Devant les menaces avérées contre la mémoire et l’avenir de l’Europe et de ses citoyens, ils lancent solennellement l’appel suivant :

Nous sommes dépositaires des témoignages des rescapés des crimes nazis, porteurs d’une mémoire vivante et douloureuse et nous nous faisons les porte-paroles des milliers d’hommes et de femmes survivants des camps, de leurs descendants et des simples citoyens qui militent au sein de nos associations.
Nous avons à cœur de préserver de l’oubli, de la banalisation et de la destruction les anciens camps de concentration devenus lieux de mémoire de l’humanité, en nous basant, entre autres, sur la résolution du Parlement européen du 11 février 1993 « sur la protection européenne et internationale comme monuments historiques des sites des camps de concentration nazis ». Les récentes atteintes aux sites de Mauthausen et de Flossenbürg suscitent notre indignation.
Nous sommes indignés par le fait qu’une résolution présentée à l’ONU le 21 novembre 2014 et dont l’objet était « la lutte contre la glorification du nazisme, le néo-nazisme et autres pratiques alimentant des formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance qui y est associée» n’ait pas été adoptée, fait dû à trois votes négatifs mais aussi à 55 abstentions dont celles des États Membres de l’Union européenne.
Nous restons vigilants devant les tentatives nationalistes et populistes d’effacer de la mémoire européenne ces lieux de barbarie mais aussi de combats et de solidarité.
La Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 rappelle que « la méconnaissance et le mépris des Droits de l’Homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité ». Des centaines de milliers de déportés dans les camps nazis en ont été victimes.
Depuis plus de soixante-dix ans, les survivants et leurs descendants sont fidèles aux serments faits lors de la libération des camps. Sans relâche ils ont agi pour la paix, la solidarité fraternelle entre les peuples. Par leurs témoignages ils ont lutté contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie et les thèses de l’extrême droite en Europe.
Aujourd’hui, devant l’arrivée de réfugiés poussés par la guerre et la misère, la réponse de certains États européens n’est pas l’accueil humanitaire mais la fermeture de leurs frontières. La Méditerranée est devenue un immense cimetière où les espoirs de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont pris fin. L’Europe semble avoir perdu sa mémoire. Beaucoup d’Européens, avant et après la guerre, étaient eux-mêmes des réfugiés. Ils ont connu la solidarité mais aussi la discrimination et le rejet. L’Europe doit retenir les leçons terribles de son histoire récente et ne pas fermer les yeux devant ses responsabilités.
Quelles valeurs voulons-nous transmettre aux jeunes générations ? L’égoïsme et la peur de l’autre ne doivent pas remplacer les valeurs d’humanisme qui sont au cœur de notre histoire commune et de nos engagements.
Nous faisons donc appel à tous les élus des institutions nationales et européennes pour que leur recherche commune de réponses adaptées aux phénomènes migratoires soit guidée en priorité par le respect de la dignité humaine.

signataires :
• Associazione Nazionale Ex Deportati Nei Campi nazisti (ANED)
• Comité international d’Auschwitz
• Comité International de Bucheznwald-Dora
• Comité International de Dachau
• Association des déportés et familles des disparus du camp de concentration de Flossenbürg et Kommandos
• Comité International de Mauthausen
• Comité International de Natzweiler-Struthof
• Amicale Internationale de Neuengamme
• Comité International de Ravensbrück

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