Une jeunesse confisquée – 1940-1945

| Jean GAVARD |

La mémoire des camps, nul mieux que Jean Gavard n’en mesure les écueils et la complexité. Il sait que le rôle décisif appartient aux historiens – mais aussi que le témoignage des rescapés éveille à une perception sensible, irremplaçable. Du vécu concentrationnaire, il éprouve évidemment la part intransmissible. A un poste éminent, il a œuvré à la prise en charge institutionnelle de la pédagogie de la mémoire. De constitution droite et sobre, Jean Gavard évoque son séjour à Mauthausen et Gusen d’abord comme une spoliation. Aussi est-ce un cheminement plus large qu’il retrace : celui d’un lycéen bordelais résistant à l’occupant nazi, puis d’une reconstruction de soi au retour ; jusqu’aux exigences de la fidélité et de la vigilance, dont il livre ici quelques dossiers éloquents. Homme de mesure, Jean Gavard n’en est pas moins habité par des convictions fortes, sur lesquelles il ne craint pas d’être intraitable : en vérité, les années n’ont rien apaisé. « Je n’ai pas retenu l’ordinaire du camp ». L’écriture investit ces instants sporadiques où se préserva la conscience, c’est-à-dire l’humanité. Une posture éthique dicte sa loi à l’économie des phrases. Assurément l’auteur n’a pas songé réaliser l’idéal classique, celui du grand style. C’est ainsi qu’il l’accomplit, et, à ce titre aussi, ce récit est digne d’être enseigné dans les classes. Un homme de qualité, une voie droite, une foi résolue en la fraternité : de quel accueil sommes-nous capables ?

Avant-propos de Daniel Simon, préface de Laurent Douzou

éditions L’Harmattan | coll. Mémoires du XXe siècle, Paris, 2007
146 p., broché | disponible : 13,50 €